à la ferme équestre du Grand Etang

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dimanche 19 décembre 2021

Visage volé de Latifa

 

    La première de couverture de ce livre ressemble beaucoup à la première de couverture du livre "Parvana, une enfance en Afghanistan". En effet ces deux livres traitent du même thème: la guerre vue par les yeux d'une  fille : ses horreurs, ses restrictions dans un quotidien insoutenable et le statut  humiliant de la femme sous le régime des Taliban.

    Dans le premier c'est Parvana, 11 ans qui raconte son quotidien à l'arrivée des talibans à Kaboul ; un récit de fiction basé sur des faits réels.

    Dans celui-ci, l'héroïne à 17 ans à l'arrivée  des talibans à Kaboul: un récit autobiographique bouleversant. Toute la vie de cette adolescence se transforme alors radicalement, une vie ou seuls règnent la terreur, l'horreur et le chaos. La condition de la femme bascule dans l'inacceptable.

    "Cette fois ils nous tuent réellement nous les jeunes filles et les femmes. Ils nous tuent en silence sournoisement. Les pires interdits déjà appliqués sur la grande majorité du territoire, nous anéantissent en nous mettant totalement à l'écart de la société. Toutes les femmes sont touchées, des plus jeunes aux plus vieilles. Plus de travail pour les femmes, cela implique l'écroulement des services de santé, de l'administration, plus d'école pour les filles, plus de soins pour les femmes, et plus d'air frais à respirer nulle part. À la maison les femmes ou alors sous le tchadri ! Hors de la vue des hommes !"

    Latifa décrit avec précision toutes les interdictions imposées au peuple (mais surtout aux femmes): interdictions un peu plus draconiennes chaque jour. De plus en plus illogiques et incompréhensibles.

   Ce qui fait dire à l'auteur qu'il est clair que les taliban veulent la disparition des femmes!

  "Que ces talibans qui osent inventer des règles inhumaines et contraires au Livre Saint, que ces ignorants du Coran apprennent à le respecter comme nous le faisons nous les Afghans depuis toujours !"

   Tarifa explique de manière précise et claire le contexte historique et comment le peuple subit cette situation irréelle.

   "Autant nous sommes bavards, expansifs sur les sujets extérieurs, autant nous restons quasi muets sur nos douleurs. La guerre civile a exacerbé je crois cette dignité, ce mutisme. Nous sommes vivants dans une sorte d'économie d'émotions qui est nécessaire pour ne pas sombrer, pour ne pas devenir fou de rage et de peur."

    Au départ, Latifa, privée de sa vie d'adolescente, baisse les bras, se referme sur elle-même, puis peu à peu elle essaye de faire face et prend même le risque de faire classe à un groupe d'enfants. Finalement elle a pu, avec beaucoup de difficulté et de doutes, fuir son pays avec quelques membres de sa famille, aller à Paris et témoigner des conditions de vie des femmes sous le régime des talibans. C'est le début d'un combat pour que les femmes afghanes retrouvent leur liberté et leur dignité.

     Ce livre est une ode à la liberté, à la résistance, dans un pays ou de nombreuses femmes occupent des postes dans l'administration, la santé, l'enseignement… 

Un récit d'espoir… 

Mais on sait hélas que l'histoire va se répéter !

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